Après le déluge, les bâtisseurs.
Alors que le cataclysme était passé, d’illustres savants tentèrent d’enseigner moult connaissances aux différents peuples de la Terre, sans doute alors trop occupés à leur propre survie en tant qu’espèce humaine.
Des merveilles furent alors bâties, comme des escaliers sur des temples andins, aux marches hautes chacune comme un étage, menant au repos de Dragonne Orichalque, devenue le prétendu serpent à plumes d’or, ou encore Wiracocha localement dans ce temple du soleil à Ollantaytambo……
On vit ainsi surgir partout autour de la Terre sur une étrange et régulière dérivation de l’équateur, de nombreuses architectures faussement absconses et parfaitement ajustées, le plus souvent au sein même de cultures ignorant tout de la roue et du métal, et incapables pour l’éternité de reproduire les édifices incroyables érigés en très peu de temps, et dont la caractéristique commune est d’être de mieux en mieux ajustée en remontant le temps, et ceci sur chacun des sites considérés.Le plus visible étant de loin la bête couchée à visage humain, Dragonne Granite sous sa couche de sable, près des constructions mathématiques que sont les pyramides du désert…
Peu de gens comprirent ce regard complètement fixe, et les tribus locales s’imaginèrent malignes en défigurant le masque humain de la bête couchée qui posait auparavant des questions énigmatiques, et dévorait parfois un ignorant, mais que voulez vous après tout il faut bien vivre…
Les Dragons mangèrent peut être un petit peu trop de bétail, voire d’humains, toujours est il qu’au fil du temps ils inspirèrent une peur allant croissant dans le cœur des gens.
Pour les rendre plus discrets, Damona-Dana en fit des humains géants, qui renouvelèrent un temps l’intérêt des humains pour le monde magique et païen…
Quand on leur demandait leur nom, les géants disaient toujours s’appeler Danavas, enfants de Damona-Dana.
Cette réponse énigmatique permettait aux bâtisseurs de rester discrets au temps où les géants étaient rares mais pas encore inexistants.
Le menu des géants n’était pas très varié : ils plantaient des haricots, qui pouvaient pousser très haut, et qui compte tenu de leur grande taille, étaient du coup faciles à ramasser, sans trop avoir à se casser le dos en courbant l’échine pour les récolter…
N’inspirant plus la confiance qu’avaient les humains à l’égard des bâtisseurs, comme ses semblables, Dragonne Granite prit forme humaine en esprit, et déambulait au gré des amitiés et des rencontres, toujours prête à enseigner d’importantes connaissance et à faire évoluer les consciences à toutes ces créatures humaines bien maladroites en somme.
Cela ne pouvait pas vraiment se voir, pourtant Dragonne Granite n’était plus
vraiment présente près des pyramides, elle laissa sa volonté vagabonder pour répondre… à de toutes petits voix tellement espiègles et distrayantes.
Consultant les oracles oniriques entre les mondes, Dragonne Granite vit dans l’éther les contours dorés de trois êtres qui lui étaient chers : la déesse mère Damona-Dana, déesse mère primordiale des sources et des fleuves, muse et mère de nombreux dieux et géants, Dagda le musicien au chaudron merveilleux, le dieu des magiciens, de l’abondance et de la musique, et Oghma le vieux chêne blanc, adoré en tant que divinité majeure de l’ordre des Druides ».
Ensemble ils conversèrent par la pensée directe, dénuée de langage précis et aussi de toute superficialité.
Dragonne Granite interviendrait en tant que prêtresse de la nature dans les contrées où elle vivrait, mais pourrait aussi se faire encore plus discrète et minuscule sous la forme d’une jolie petite fée placée sous le signe des abeilles et de leur ruche arboricole d’abondance dans le tronc d’Oghma en personne.
Ravie Dragonne Granite se métamorphosa successivement, d’abord en une Druidesse vêtue de blancs et à la crinière argentée, répondant au nom de Mará, et puis ensuite en une adorable petite fée, aux ailes étrangement draconiques, Fatae Myélyne.
Deux autres petites créatures, apparues dans les mains magiques de Dagda, vinrent émerveiller le quotidien de Druidesse Marà. Ces deux petites fées serviraient de messagères et de témoins entre les mondes et entre les contrées qu’elles seront invitées à parcourir pendant quelques temps. Ces minuscules fées s’appelaient Fatae Trèfle, de vert vêtue et aux ailes en forme de trèfle à quatre feuilles, prétendant remplacer sa Sagesse par les hasards auspicieux de la bonne fortune en toute situation, et Fatae Muguet, aux classiques ailes de libellule, charmante et espiègle, toujours prête à jouer des tours facétieux aux gens trop sérieux à son goût.
La joie émanant de la magie de ces instants sacrés effaçait un instant les préoccupations qui affluaient sans cesse dans l’esprit des êtres n’ignorant rien.
De son côté, la carapace du dragon à visage humain regardait silencieusement, figé dans une énigme peut être éternelle, le regard accusant les millénaires à venir, et défiant les intelligences les plus folles.
Les bâtisseurs avaient bâti pour l’éternité, se référant aux dimensions mêmes de la planète bleu. Ils avaient douze mille ans pour convaincre ou voir disparaître tous ces êtres qu’ils avaient sauvé en se montrant à la face du monde…